1er Novembre 2018, toujours le même rituel, un copain débile (cette fois ci Flo), une bière, une carte bleue…
Inscription pour la Saintélyon validée !

Reste 1 mois pour s’y préparer.

Deux jours plus tard, premier entrainement et Paf l’entorse… ça part de là !

Nous sommes le 1er Décembre 2018, Départ 9h d’Agde, arrivée 13H30 sur Lyon, juste le temps de récupérer le dossard,
de profiter un peu du village mis en place par l’organisation, et me voilà dans une des navettes qui nous amène à Saint-Etienne pour le départ.
J’arrive alors dans un gymnase géant où tous les participants sont là, en train de se préparer. Apparemment beaucoup mieux organisés que moi : tapis, sac de couchage, coussin, cache yeux, repas. Chacun s’est fait son petit espace pour dormir les quelques heures avant le coup d’envoi.
Moi… euh … ben… «C’est quoi ce délire !» En dernière minute on s’incruste pour manger la Pasta Party prévue par l’organisation,
et je cherche à l’arrache une prise pour recharger mes lampes frontales Quechua achetées la veille 😉 .
Quelques heures passent, et on se retrouve sur la ligne de départ, et pour faire plaisir aux copains, dans la première vague, quoi de plus naturel pour un premier Ultra ! L’ambiance est là, la pression monte mais je peux vous dire que nos sourires n’avaient aucune idée de se que nous allions affronter.

23H30 le top départ !

C’est parti pour une nuit en enfer de 81 bornes. Je pars avec un bon rythme pour suivre les copains ; Pierre, chaud comme la braise, nous décroche dès les 2 premiers kilomètres.
Je me sens bien, mais les mollets sont déjà un peu raides. Kilomètre 15, mon ventre commence à faire des siennes, je m’écarte alors du groupe de lumières, obligé de m’arrêter pour, disons, « faire la vidange ».
Autant dire que de nuit, sous la pluie, dans la forêt, j’ai déjà vécu plus confort !!! 😉 C’est d’ailleurs au même moment que je perds Flo. Je me retrouve alors seul et cette « vidange » n’était en fait que la première d’une longue série… Un vrai calvaire. Peut-être un coup de froid, une gastro ou une tourista lyonnaise qui passait par là… Bref je déguste, les arrêts en forêts se multiplient et même si je ne suis pas là pour le podium, je vois des dizaines, et peut-être même des centaines de personnes passer devant, le moral est au fond du trou, je suis entre colère et déception, je commence à me poser des questions sur une éventuelle suite de la course, quand au même moment, ma cheville décroche. Je m’étale comme une merde,  la douleur est violente. Les coureurs qui étaient avec moi s’arrêtent pour m’assister et m’aident à atteindre le camp de ravitaillement qui n’était plus très loin. il est 4h du mat’, à ce moment-là, c’en est trop, les larmes montent, je craque ! Je rejoins le poste de secours en boitant, là, un gars super sympa m’enlève la chaussure, et en voyant l’état de ma cheville me rassure et m’explique gentiment que ça va aller, que les navettes de retour sont juste à côté et qu’il va noter l’arrêt de la course… WHAT?!! Hors de question, je lui dis alors « gentiment » que l’arrêt n’est pas une option, et lui demande de me strapper pour continuer. Il rigole… et me rappelle qu’il reste 49 kilomètres et qu’il ne viendra pas me chercher en quad dans la pluie, qu’il m’aura prévenu…
Apres un appel nocturne à ma petite chérie, un bon gros strapp, la signature d’une décharge de responsabilité, et un immodium gratté dans la foulée, je décide de repartir.

Je repars en marchant pour tester le strapp, puis en petites foulées, je rame mais j’avance. Chaque kilomètre est alors un succès, je les compte un par un. Je me fixe alors d’atteindre au moins le kilomètre 43 pour juste faire mon record perso en course à pied. (Mieux qu’un marathon) et j’y arrive ! Un brin d’optimisme fait son apparition, l’immodium agit, les « vidanges » sont de plus en plus rares et la cheville a l’air de tenir, alors je continue. A cette instant je remarque que les autres coureurs commencent aussi à être touchés par les conditions, les moments de marche sont plus fréquents dans les montées et même dans les descentes. Les arrêts au stand sont courts car il fait vite très froid, on grelotte tous, certains sortent leur couverture de survie, pendant que d’autres se réchauffent au stand de la soupe chaude. Il me reste 4x 8000m à réaliser, je m’alimente différemment et rebois tout simplement de l’eau, la tourista me laisse tranquille, et bizarrement je me sens bien. Enfin je peux me concentrer sur la course. Toujours avec des petits pas, je prends un bon petit rythme et m’inflige un plan de route : marcher dans les côtes, descente prudente et relance dans les plats. Le jour se lève, les lampes commencent à s’éteindre et je me surprends à être encore là. Après le cauchemar que je viens de vivre, plus possible de faire marche arrière, j’en suis à plus de 9h de course, reste un semi à réaliser et je retrouve la détermination à passer sous l’arche. Les articulations des chevilles et des genoux ont ramassé vraiment, y’a plus d’amorti dans les pieds, ça tape sec.

On rentre enfin dans la ville de Lyon, les derniers kilomètres sont interminables, le tracé est vraiment chien, y’a plus de plat, soit ça monte, soit ça descend à plus de 12%. On voit les panneaux défiler… 15… 10… 5… 2… Je suis comme un fou, à ce moment-là je sais que je vais le faire. J’ai les émotions à cran. Je donne ce qu’il me reste, allonge les foulées et m’offre quelques dizaines de places. J’arrive alors dans les grandes halles Tony Garnier et passe sous l’Arche. Je suis en larmes, je ne réalise pas ce qui vient de se passer, mais une chose est sûre, c’est que cette expérience va rester gravée.

81km
FINISHER en 12h28
Classement 2863e

Fiche course

Dossard 1642