La SaintéLyon, La diagonale Mythique vue de l’intérieur

Aujourd’hui c’est le récit de Veronique PRADEL une ChamTAM (mi chameau, mi Tamiste), cela vous donnera peut-être des idées pour le calendrier des courses 2019….What Else… :

Petit récit de la SaintéLyon

C’est durant un entraînement fin Août, sous une chaleur écrasante que tout a commencé…

Je me décide à m’inscrire à la fameuse SaintéLyon et je lance un appel à la communauté de runners « qui veut s’entraîner et courir avec moi les 81 km solo  avec les 2100 m D+ de l’ultra Trail de la fameuse diagonale mythique, »

Beaucoup de personnes intéressées mais une seule s’inscrira avec moi : Anne Mendez !!

Après avoir repris et modifié un plan d’entraînement que le Coach David Ewan m’avait fait pour les 100 km de Millau, je le présente pour validation au coach Marcel (qui apporte quelques modifications sur les fractionnés) et au coach David qui me dit « c’est ok my sister !! »

Début septembre, nous voilà parti, toutes deux pour de longues et nombreuses sorties sur les routes et chemins de Murviel Les Béziers, Thézan, Paillès, Corneilhan, St Geniès, Autignac,  Causses, Veyran, Réals,  Vailhan, Berlou (le pic du Naudech, que nous n’avons jamais retrouvé mais qui nous a permis de faire de belles côtes et de nombreux km !!)

Les bosses ne nous font plus peur, on les passe sous encore de grosses chaleurs, seulement 2 grosses sorties sous des pluies torrentielles…mais il nous les faut au compteur pour pouvoir boucler nos 80-90 km (voir plus) hebdomadaires.

Des accompagnateurs  en vélo se greffent à nos sorties longues (Merci Patricia, Nancy, Pauline, Betty, Jérôme et Philippe, le mari d’Anne), les 30-42 km passent mieux quand on a de la compagnie !!

En parallèle, Anne s’entraîne au cross fit (merci Dorian) et moi en VTT (merci Alain et Jérôme) ces séances nous permettent de récupérer tout en gardant la « caisse ».

Une série de fractionnés dans la côte d’Autignac nous en fait voir mais plus les semaines passent et plus cette séance des 10 côtes s’encaisse bien et nous donne la pêche !

Arrive le jour J, nous sommes prêtes, la semaine précédente fut particulièrement difficile à gérer tant les émotions varient, le doute et la peur s’installent mais sont vite balayés par l’envie d’en découdre et d’arpenter les monts Lyonnais.

Le retrait des dossards se fait rapidement à la halle Tony Garnier, le dernier repas pris, il est 21h.

(Merci à Mathias Vidal, qui nous a suivi et nous a fait un super programme alimentaire afin d’être en forme et d’encaisser la charge des entraînements (même si je l’avoue, avoir fait quelques écarts !!)

Arrivées à Saint Etienne au parc des expo, nous sommes 17 000 inscrits sur les différentes courses que proposent les organisateurs de la SaintéLyon (81 km relais, 45 km 25 km 12 km) ça fait beaucoup de monde !

Comme annoncée, la pluie s’invite, ce n’est pas encore l’heure du départ mais il faut aller s’installer dans le sas…la musique raisonne, et puis c’est le coup d’envoi du premier départ « l’Elite » à 23h30.

Avant chaque vague, l’organisateur indiquera les consignes de sécurité, et nous rappellera combien nous allons en baver sur ce parcours qu’a tracé Alain avant de nous quitter.  Cet homme, traceur et organisateur de la SaintéLyon  voulait que pour le 65 ième anniversaire de la course, les Traileurs se souviennent de lui…du parcours qu’il leur laisse en héritage, il savait qu’il ne serait plus là…l’émotion nous gagne… on s’embrasse, on se tape sur l’épaule, on s’encourage…on a les larmes aux yeux…

Minuit 15 c’est notre tour, J’attrape  Anne par la main et on prend le départ !

On se perdra rapidement, nous sommes nombreux sur la route. On commence par 2-3 km sur une large avenue et puis on monte rapidement par un chemin à travers bois…il pleut toujours, le terrain est boueux, ça se complique.

Arrivée à Saint Christo en Jarez, j’ai une forme olympique, le D+ est bien passé, Anne me suit à 10 min, tout va bien aux 19 ième km.

Les sentiers grimpent, je me retourne et je vois cette magnifique guirlande humaine qui fait un long serpentin animé…une déco de Noël humaine, c’est beau, j’ai envie de pleurer, on y est, on fait partie de cette merveilleuse animation (Merci Paco, Chacha et Seb Jamois de m’avoir dit, retourne toi et apprécie le spectacle)

Aux 32 ième km à Sainte Catherine, je suis trempée, frigorifiée, je décide donc de me changer (je perds 20-25 min mais sans ça je peux difficilement continuer, j’étais comme paralysée par le froid,  la pluie tombe à sceau depuis plus d’1 heure. Anne n’est pas loin et a un super équipement, du coup tout va bien, on continue notre route

On attaque la partie avec de grosses difficultés techniques, avec de grosses côtes dans le bois d’Arfeuil, la montée de Rampo…les conditions météo, la boue sur 30 cm n’arrangent rien … on glisse, on manque de tomber, il n’y a aucun répit même dans les descentes (j’ai strappé mes chevilles, ouf !! Merci Bernard Malzac, aucune entorse !!)

Nous avons passé la nuit, la pluie s’arrête de tomber, il est 8h00 et nous avons maintenant un brouillard à couper au couteau !!! Nos frontales nous gènent…mais quand est ce que le soleil se lève dans ce pays ?!

C’est dur, usant, fatiguant, on y a laissé du jus tant l’attention et les relances sont présentes mais on est dans la course !!²

Soucieux en Jarrest, reste 21 km…on a envie de se dire c’est fini on rentre à la maison !! Mais en fait non,  pas tout à fait…mais que ça va être long !! Encore de la boue, des relances, des côtes, des descentes (on a même envie de faire un ventre glisse pour soulager nos quadris…on s’accroche, on est dans le dur, le mental est notre force, on le sait avec Anne, on est toujours dans la course !! (Merci à mon capitaine, de m’avoir donné ce mental… )

On rentre dans un parcours de santé aux abords de Lyon, personne ne se pend encore aux cordes (lol)… mais le silence est lourd, personne ne parle, ne plaisante…on a de la boue jusqu’aux genoux, les pieds sont lourds, chaque pas sont encore glissants…et je me dis, j’ai de la chance, je ne me suis pas blessée, je suis tombée qu’une fois (il y aura eu presque 1400 abandons sur cette course)

Nous descendons et montons de nombreuses  marches d’escaliers cette fois –ci, on court sur les quais du Rhône, on les remonte et apercevons enfin le musée des confluences…la halle Tony Garnier est juste derrière !

Le public est là, à nous applaudir, nous acclamer, nous féliciter…je commence à crier mon YOUHOUUU…YEAHHHH…je vois la ligne et l’arche bleue sous laquelle nous avions pris une photo avec nos dossards la veille (nous étions plus propres !!), je relance…je n’ai plus mal aux quadris, je me sens légère malgré les 3 kg de boue que je traîne à chacun de mes pieds!

12h06 de course et Je franchis la ligne d’arriver en moonwalk (ben forcément avec l’entraînement que l’on avait on ne pouvait faire autrement, Merci Sebastien Mas pour ce défi !) et puis je pleure comme une madeleine dans les bras du monsieur qui me remet la médaille FiniSHER

Je vois des amis Caro et Micka (traileur), Jérôme, Philippe, je retrouve Pauline et Seb…je refais la course avec eux…j’attends Anne que j’ai embarqué dans cette superbe et folle aventure !

13h19 de course,  Anne arrive à son tour, elle n’a rien lâché, elle est allée chercher cette ligne avec force et courage avec un super mental !!

Allez, on se reprend en photo pour immortaliser cet instant.

Bravo Madame et Merci d’avoir partagé avec moi tant d’émotions sur cette épreuve magique

Et à bientôt pour de prochaines aventures sportives

Véro Pradel

Place aux remerciements :

Merci, un grand merci du fond du cœur…et de nos quadris…à toutes les personnes qui nous ont encouragées et suivies, avant et durant l’épreuve, la famille, les amis…

Leur soutien a été sans faille et nous a permis de passer la ligne et fêter notre médaille de finisher dans un petit bouchon Lyonnais !!